Avec la participation de François-Xavier Bellamy, Philippe Lamberts, Enrico Letta, François Villeroy de Galhau, Stéphanie Yon-Courtin, Michaela Wiegel et animé par Bernard Spitz.
Verbatim
- Michaela Wiegel : "La seule chose sûre concernant les élections allemandes, c’est qu'Angela Merkel va partir. Pour le moment, les socio-démocrates sont en tête, cela peut paraître surprenant, mais en fait c’est un changement dans la continuité."
- Michaela Wiegel : "Les grands sujets au cœur de ces élections seront le changement climatique, les finances autour du plan de reconstruction européenne et l’autonomie stratégique, pas seulement dans le domaine de la défense, mais aussi dans les domaines industriels et sanitaires."
- François Villeroy de Galhau : "Nous attendons pour les deux années consolidées une croissance d’environ 10 % au niveau européen. Pour autant, trois défis sont devant nous : les difficultés d’approvisionnement, les difficultés de recrutement et l’Europe par rapport aux États -Unis."
- Philippe Lambert : "Il y a un clair changement de cap avec le Green Deal. Et un des grands défis pour l’Europe en ce domaine est d’être leader et non pas suiveur."
- Philippe Lamberts : "Nous devons entrer dans une logique d’investissement et non plus de rentabilité à court terme."
- Philippe Lamberts : "A terme, nous devrons pouvoir vivre sans nucléaire."
- Stéphanie Yon-Courtin : "Il faut être réaliste et regarder le verre à moitié plein. La stratégie d’autonomie économique était déjà dans les esprits depuis quelques années et le Covid n’a fait qu’accélérer les choses."
- Stéphanie Yon-Courtin : "Nous allons travailler pour construire tous ensemble des champions européens."
- François-Xavier Bellamy : "Il est fondamental de faire de la question européenne une question centrale du débat politique français, et ce d’autant que l’Europe est à la croisée des chemins."
- François-Xavier Bellamy : "La clé, c’est de retrouver la confiance dans ce que font les entreprises européennes aujourd’hui."
- François-Xavier Bellamy : "Le nucléaire est un des atouts que nous devons faire jouer dans la compétition mondiale."
- François-Xavier Bellamy : "Quels que soient les résultats des élections allemandes et françaises, nous allons avoir quelques année difficiles, c’est pour cela que l’Europe doit être au cœur de la prochaine élection présidentielle."
- Enrico Letta : "Dans les dernières années, l’Europe a fait des avancées incroyable dans le Green Deal, etc. mais ce qui n’a pas avancé, c’est tout ce qui touche à l’immigration, à la sécurité et à la défense."
- Enrico Letta : "On ne peut se limiter à l’émotion, il faut agir."
- Enrico Letta : "Aux États-Unis, que l’on soit en Floride ou en Alaska, la perception des dangers est la même, ce n’est pas le cas entre deux pays européens."
Pour aller plus loin
Où est le monde libre ?
L’Europe, qui incarne la paix et les libertés, serait-elle le dernier espace libre ? Entre la Chine, la Russie et les Etats-Unis, l’Union européenne porte un idéal de plus en plus fragile, de plus en plus remis en cause. Savoir si l’Europe incarne ou pas le monde libre, tel sera le thème du troisième débat de cette dernière demi-journée.
Avec l’ère Trump marquée par l’isolationnisme américain, Angela Merkel avait été catapultée « leader du monde libre », en faisant d’elle, selon le New York Times, « le dernier défenseur des valeurs humanistes de l'Occident ». Il faut dire que depuis le début de la pandémie, les Etats-Unis ont plutôt été aux abonnés absents, en tout cas sous la présidence Trump, qui a enterré l’ordre international d’après-guerre en marginalisant notamment l’OMS.
Mais depuis, Joe Biden a été élu et a affirmé lors du dernier G7 vouloir redevenir « le leader de ce qu'on pourrait appeler le monde libre » et « s’engager dans l’élaboration d’une relation transatlantique véritablement nouvelle ». Si America is back, quelle place reste-t-il à l’Europe ? Si les intérêts des uns et de l’autre se rapprochent très souvent, ils divergent toutefois sur certains points et notamment sur la relation avec la Chine, vue comme une puissance menaçante par Washington, mais pas par Europe, ou en tout cas pas autant. Qui plus est, la Chine ne cesse, elle aussi, d’accroître sa puissance et multiplie les actions pour rayonner sur le plan géopolitique.
Alors, entre les Etats-Unis et la Chine, quelle place pour le leadership européen ? Ursula von der Leyen a revendiqué être à la tête d'une Commission géopolitique capable de « plus d’autonomie sur le plan stratégique ». L’Allemagne et la France soutiennent cette vision. Bien sûr, l’Europe ne peut toujours pas se passer de la protection militaire américaine, tous les chefs d’Etat en sont conscients. Mais au-delà de cela, que peut-elle faire pour disposer d’une vraie capacité d’action entre Chine et USA, notamment en matière de technologie, (numérique, intelligence artificielle, semi-conducteurs). Quelle doit être sa politique industrielle pour pouvoir à son tour fabriquer des champions en ces domaines ?
Sur le plan diplomatique aussi, l’Europe a sans nul doute des cartes à jouer. Certains spécialistes de géopolitique pensent notamment qu’elle doit opposer un soft power démocratique, face au sharp power chinois ou russe. Dans une tribune publiée dans Le Monde en juin dernier, la responsable du programme Amérique du Nord de IFRI, Laurence Nardon, déclarait ainsi qu’« à l’heure où un nombre croissant de régimes autoritaires ne cachent plus leur mépris des droits de l’homme et de l’Etat de droit, les démocraties ont une responsabilité historique à faire front commun pour rappeler leurs principes ».
Enfin, autre carte à jouer pour l’Europe, la lutte contre le réchauffement climatique qui menace de plus en plus l’avenir de la planète, cf. le dernier rapport du GIEC.
Alors quel rôle jouera l’Europe dans le « monde d’après » ? La conférence sur l’avenir de l’Europe lancée en mai dernier apportera peut-être des réponses.