Entreprises, vos déchets ont de la valeur !
- Publié le : 05/07/2023
Stratégies de valorisation des déchets et recyclage : 5ème thématique abordée lors du cycle de conférences initié par le MEDEF Centre-Val de Loire, le groupe VYV et Harmonie Mutuelle, et l’aide précieuse des MEDEF territoriaux. Retour sur une soirée riche de témoignages et bonnes pratiques sur un sujet délicat !
Stratégies de valorisation des déchets et recyclage : 5ème thématique abordée lors du cycle de conférences initié par le MEDEF Centre-Val de Loire, le groupe VYV et Harmonie Mutuelle, et l’aide précieuse des MEDEF territoriaux. Retour sur une soirée riche de témoignages et bonnes pratiques sur un sujet délicat !
Qu’est-ce qu’un déchet ?
Première question posée à Pierre-Yves Robert, fondateur et dirigeant de VASTEM, cabinet de conseil en économie circulaire et transition énergétique (site internet) : « C’est quoi un déchet ? ». Sa réponse : le déchet est la résultante d’une activité de l’homme, c’est un co-produit d’une activité et ce depuis toujours. Il fait partie de l’activité humaine.
Quelques rappels règlementaires utiles & chiffres-clés
Sans rentrer dans le détail de chacune de ces règlementations, Pierre-Yves Robert a dressé le cadre général de la loi autour des déchets pour les entreprises, en rappelant que c’est une réglementation finalement récente et qui évolue très vite : en 1987, la première classification des déchets est née en fonction de l'activité de l'entreprise ; 1992, ce sont les débuts des politiques publiques de gestion des déchets, de la fiscalité et des taxes sur les déchets. Le 1er janvier 2024 : chaque producteur et détenteur de biodéchet devra garantir sa valorisation ; Jusqu’à la loi AGEC très récemment qui impacte de nouveau la question des déchets. La loi AGEC introduit la diminution de l'enfouissement, l'augmentation de la TGAP (taxe générale des activités polluantes) , augmentation REP (responsabilité élargie des producteurs). L’occasion de rappeler que le producteur du déchet est responsable de ce déchet jusqu’à sa fin.
“ le déchet est la résultante d’une activité de l’homme, c’est un co-produit d’une activité et ce depuis toujours. (Pierre-Yves Robert) ”
Deux autres grands enjeux autour du déchet : économique et environnemental
Le cadre règlementaire est donc le premier des trois grands enjeux facilement identifiables autour de la question des déchets. Il y a aussi un intérêt économique, car le déchet est d’abord un coût, liée à une perte de la production. Les entreprises ont tout intérêt à entamer une réflexion pour valoriser cette matière avant même qu’elle ne soit considérée comme un déchet. Car, souligne Pierre-Yves Robert, si on sait bien la trier et la valoriser, cela devient une nouvelle source de revenus. Enfin, le déchet est profondément lié à l’environnement naturel et humain, puisqu’il vient le polluer et le dégrader : la pollution des sacs plastiques est emblématique de cette problématique, ou encore l’huile isolane dans les transformateurs électriques, qui chauffée, devient cancérigène.
Quel avenir pour le déchet ?
Deux axes de travail, recherche et innovation se dégagent : celui du recyclage et celui de l’éco-conception.
Le recyclage consiste en toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d'autres fins (article L. 541-1-1 du code de l'environnement.). Trois avantages sont soulignés par l’ADEME : éviter le gaspillage de ressources naturelles et d’énergie, de sécuriser l’approvisionnement de l’industrie en matières premières, de diminuer ses impacts environnementaux. (Expertise complète de l’ADEME ici, ou encore ici).
L'éco-conception consiste à intégrer la protection de l'environnement dès la conception des biens ou services. Elle a pour objectif de réduire les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie : extraction des matières premières, production, distribution, utilisation et fin de vie. (sources : ministère de la Transition écologique – ici). Pierre-Yves Robert souligne l’intérêt d’un véritable travail d’analyse des besoins des matériaux pour fabriquer le produit. Le construire tout en garantissant la possibilité et la facilité de le déconstruire.
Quand le déchet devient une ressource : témoignages de quatre entreprises
Nous remercions chaleureusement les participants à la table-ronde qui ont pu apporter un témoignage concret de la problématique et des enjeux du déchet au sein de leur entreprise, et ce, à différentes échelles : merci à Annick Noble, pour Total Energies, Stéphane Poullard, de l'entreprise Poullard, Solenn Bellaton, de l'entreprise ALMA et Hervé Tessereau, du CFA Interprofessionnel d'Eure-et-Loir.
Entreprise spécialisée dans la démolition (site internet ici), Poullard a très vite été confrontée à la gestion des déchets et a entamé une réflexion assez novatrice à l’époque sur la question de la recyclabilité et de la réutilisation de ces « matières premières » à disposition. Aujourd’hui, Poullard recycle les gravas de démolition pour en faire du sable de qualité pour le bâtiment grâce à un process mis en place dans les années 2010, après plusieurs mois de recherche et développement. « En 2017, j’étais seul au monde », se souvient Stéphane Poullard, son dirigeant. « Personne n’était encore sur le créneau. Nous avons participé à la création du marché. ».
Pour y arriver, une motivation : celle de donner de la valeur ajoutée aux matériaux déconstruit, et un travail de fond : le développement de processus pour réutilisation du béton. La R&D se poursuite encore. En conclusion, Stéphane Poullard a souligné qu’il importe de simplement réfléchir autrement et questionner les pratiques en place depuis quelques années pour parfois s'inspirer de ce que pouvaient faire nos anciens … il n'y a pas si longtemps !
Quand on travaille dans la distribution de solvants pétroliers, la question des déchets est centrale, le rappelle en souriant Solenn Bellaton Kister, de l’entreprise Alma (site internet ici). « Nous travaillons sur la revalorisation du déchet issus de nos produits utilisés par nos clients. », en plus de toute une réflexion menée sur l’emballage ou sur l’approvisionnement des matières. L’entreprise est très engagée sur la responsabilité élargie du concepteur (voir plus haut sur les aspects règlementaires du déchet) et a souhaité accompagner ses clients dans la gestion des déchets issus de l’utilisation de leurs propres produits.
Annick Noble, directrice régionale de TotalEnergie a proposé un focus sur le plastique pour son intervention, en tant que fabricant de polymères à destination de transformateurs qui produisent des éléments en plastiques. En soulignant trois axes de travail sur la recyclabilité du plastique : le recyclage mécanique, qui s’effectue dans les poubelles. Il s’agit de collecter, nettoyer, broyer et réutiliser tel quel le produit obtenu. L’intervention chimique : pour rendre les plastiques en nouveau plastique. Et rappelle au passage qu’aujourd’hui cela coûte moins cher d’incinérer le plastique non recyclable que de le trier pour le recycler. Enfin, troisième piste, le bio sourcé : recycler des matières vivantes : plastiques 100% recyclable et dégradable « Nous travaillons sur la valorisation de ces polymères une fois utilisés pour pouvoir produire de nouveau d’autres produits qui en sont issus. »
Hervé Tessereau, directeur du CFA Interpro 28, qui accueillait cet évènement, a, quant à lui, insister sur le rôle des formateurs auprès des 1300 jeunes qui passent par les nombreuses formations du CFA, dans des métiers aussi divers que la pâtisserie ou la mécanique, la coiffure ou la restauration. « Produire de la motivation et de la volonté pour que les jeunes aient un sens social et citoyen au niveau de l’entreprise. ». Il a ensuite cité plusieurs initiatives mises en place, avec entre autres, une boucle locale vertueuse, du blé au pain entre un agriculteur (pour le blé), des minotiers (farine) qui servira à la fabrication du pain au CFAI, une production de pain qui part ensuite à la restauration du CFA de l’agriculture à quelques encablures du CFAI.
Recyclage du plastique : les aides de l’ADEME
La conférence s’est conclue avec l’intervention de Camille Bouvet, ingénieure plastique pour l’ADEME, qui pilote différents accompagnements proposés par l’ADEME pour les entreprises.
Elle a pu rappeler à l’assemblée que l’ADEME développe une offre d’accompagnement pour les acteurs du recyclage et de la transformation des matières en produits afin d’augmenter les taux de recyclage et améliorer la qualité des matières issues du recyclage, et d’accroitre les taux d’incorporation de matières recyclées dans les produits mis sur le marché. La présentation des modes d’accompagnement est ici.
Transition Ecologique, l'accompagnement du MEDEF Centre-Val de Loire
L'accompagnement Transition écologique et RSE proposé par le MEDEF Centre-Val de Loire est constitué de deux volets autonomes et complémentaires :
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1 audit Transition écologique (TEE) : Audit des flux (énergies, déchets, ressources etc. sur votre bâtiment/activité) – 2 jours – 2 000€ HT
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1 Diagnostic RSE : Audit des pratiques RSE dans l’entreprise – 2 jours – 2 000€ HT
Objectif : aboutir à chaque fois à un plan d’actions à court, moyen et long terme, opérationnel et quantifiable.
Il est destiné à toutes les entreprises (qu’elles soient adhérentes ou non au MEDEF), et 50% de chaque accompagnement peut être pris en charge par une subvention de la Région Centre-Val de Loire (sous condition d’éligibilité – correspondre aux critères européens de la PME). Pour en savoir plus et bénéficier de cet accompagnement, c'est par ici.