Les jeunes et l’entreprise, que peut-on en dire ?

Publié le : 13/10/2022
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A travers quatre grandes thématiques et une mise en scène tout autant décalée que assumée, le MEDEF Touraine, lançait vendredi 7 octobre 2022 la 3e édition de l’évènement Touraine, Terre de Réussite. Créée avec l’objectif de renforcer les liens entre les entreprises et le tissu économique et social de la Touraine, cette édition fait cette année la part belle aux jeunes, avec de nombreuses visites et portes-ouvertes d’entreprises du territoire. Quels enseignements pouvons-nous tirer des difficultés de recrutement et de la méconnaissance des jeunes du monde de l’entreprise ?

« Qui veut gagner des talents ? », un nouveau jeu dédié aux chefs d’entreprise ? On y croirait presque tant on sait qu’aujourd’hui, les difficultés de recrutement sont nombreuses, le rappelait Sandrine Fleury, Présidente du MEDEF Touraine. Et de souligner que ce sujet s’installe durablement dans les préoccupations des entreprises : la crise COVID a -à l’évidence- changé en profondeur le rapport travail de chacun, et particulièrement de la jeune génération.

Réunis en tant qu’experts, Jean-Marie Bastiani, Transition Pro, Jean-Patrick Gille , Mission locale, Cathie Kissaka-Kassongo, directrice de l'agence Pôle emploi, Bernard Le Floch, directeur départemental diocésain en charge de l'enseignement catholique, Christian Mendivé, Directeur académique · Département de l’Indre et Loire - Académie d'Orléans-Tours, Elise Paquet : Membre du Directoire Pôle Ressources · Caisse d'Epargne Loire Centre, Denis Stevenard : Directeur des Ressources Humaines · Banque Populaire Val de France ont été régulièrement consultés au fur et à mesure des questions.

Christophe Lictevout, dirigeant de AMIPEQ, a endossé le rôle du candidat, appuyé par les témoignages d’un panel de chefs d’entreprise, Angélique Coursault, Directrice générale deJTS conseils, Cécile Lagardère, secrétaire général du Groupe VILLADIM, Jean-François Thiel, Directeur territorial Indre-et-Loire chez Enedis, Philippe Delmas, dirigeant de la pizzeria AMIGOS à Tours. L’audience – l’avis du public - était évidemment invitée à répondre à chaque fois.

Quelles sont les nouvelles attentes de jeunes ? Quels critères d’embauches faut-il privilégier ?

La flexibilité est sans aucun doute une forte attente des jeunes. Si le télétravail a été plutôt subi lors des confinements, il est évident qu’il connait un essor. Abordé dans la discussion avec les partenaires sociaux de l’entreprise, il peut être organisé (et équipé !) pour répondre à cette demande de flexibilité des nouvelles recrues. Il semble être perçu comme un élément favorisant un meilleur équilibre vie perso/vie prof. Avec une vigilance néanmoins sur le 100% qui distant les relations entre collègues. De nouveaux modes de management sont en train d’émerger, favorisant le collaboratif et répondant à la fois au souhait d’être impliqué tout en restant autonome dans son travail. La question du salaire reste incontournable également témoigne un des participants, avec des candidats qui abordent très vite la question et sont capables de mettre fin à l’entretien si cela ne leur convient pas.

“ Le marché du recrutement passe de la sélection à la séduction ”

Les jeunes, quel rapport au travail aujourd’hui ? Quid de la génération des « millenials » ?

Flexibilité, mais aussi autonomie : « Les nouvelles générations qui rentrent dans l’entreprise attendent de l’autonomie, des responsabilités et participer à la vie de l’entreprise », ajoute Denis Stevenard, l’un des experts. Il décline ensuite les différentes actions concrètes mises en place : des espaces collaboratifs ouverts, avec un mix hiérarchique sur un même plateau ; donner la possibilité aux collaborateurs d’entreprendre et d’être accompagné, avec un appel à projets en interne et un suivi dédié ; ou encore la formation des managers à animer des réunions où toute l’équipe est là pour apporter des solutions.

La reconversion professionnelle, une réalité aussi pour les jeunes

A la question « Vers quel organisme se tourner pour trouver un talent en reconversion professionnelle ? » C’est Transition Pro qui a pris la parole pour mieux expliquer son rôle. Sa mission : accompagner la transition professionnelle, qu’elle soit à l’initiative des salariés en reconversion professionnelle, ou bien lorsque c’est une initiative conjointe avec l'employeur. Jean-Marie Bastiani, le directeur deTransition Pro, souligne à cette occasion l’existence et l’intérêt du CPF projet de transition professionnelle, et rappelle qu’il s’agit d’aider le salarié à se repositionner sur une entreprise tierce grâce à une passerelle de formation diplômante. En 2022, on a comptabilisé 520 000 démissions par trimestre, dont 70% concernait un poste de CDI. Il y a donc aujourd’hui une vraie appétence des salariés à la reconversion.

La Mission Locale, présente, a complété avec son point de vue spécifique à l’insertion des jeunes, et a insisté sur le phénomène puissant de démission active ou passive (le fameux « quiet quitting ») qui concerne de manière diffuse tous les secteurs. Mais changer de métier ne veut pas dire tout oublier ou repartir de zéro. Aujourd’hui, les jeunes sont particulièrement conscients qu’ils vont avoir plusieurs métiers dans sa vie. Or ces bifurcations en s'appuient sur les compétences acquises.

Quid de la formation des jeunes et de l’intérêt de l’alternance ?

Si l’Education Nationale a mis un peu de temps à reconnaître l’intérêt de l’alternance, ce n’est aujourd’hui plus à prouver, a rappelé Christian Mendive. La rencontre du travail par l'action, la réalité de l'humain, le collectif d’une entreprise… autant de bénéfices que retirent les jeunes de ces passages prolongés en entreprise. Bernard Le Floch (enseignement catholique) a renchérit en soulignant que cette ouverture aux entreprises est aussi nécessaire aux professeurs, qu’ils soient dans les filières techniques ou générales, pour mieux adapter leurs enseignements. Et de rappeler un véritable axe de réflexion : les professeurs & les formateurs ont besoin de repartir sur le terrain régulièrement pour voir les évolutions.

Tous s’accordent sur l’importance de développer le savoir-être des élèves au-delà de la compétence technique, pour faire la différence à l'embauche. Capacité à fournir un effort, à s'adapter, à avoir un esprit collectif, … ce sont des choses nouvelles pour l'éducation nationale, souligne Christian Mendive.

CD.