Transition écologique et RSE

Stratégiques, les matières premières et ressources naturelles !

  • Publié le : 19/04/2023

4ème conférence dédiée à la transition écologique et la RSE, la soirée consacrée aux ressources naturelles et matières premières s’est déroulée à Châteauroux le 13 avril dernier, dans l’auditorium de la Cité du numérique.

Transition écologique et souveraineté face aux enjeux d’approvisionnement

Patrick D’Hugues, directeur scientifique du programme ressources minérales et économie circulaire au BRGM (LIEN) a ouvert la soirée avec une introduction répondant à la problématique ‘’Transition écologique et souveraineté face aux enjeux d’approvisionnement’’.

Faut-il anticiper une augmentation de la demande ?

« Les énergies renouvelables et la mobilité électrique sont très consommatrices de Matières premières minérales et métalliques. » a-t-il souligné. L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux. Baisse de la consommation (sobriété des comportements), développement et augmentation d’une efficacité énergétique (optimisation), et meilleurs connections des réseaux intelligents sont des solutions à venir. Avec une ambition climatique forte, et le développement des ENR, ce sont 75 millions de tonnes de métaux qui seront nécessaires, aluminium et cuivre en tête, quelque soit les scénarii.

“ Nous passons d'une dépendance au pétrole à une dépendance aux minerais, a souligné Patrick D'Hugues ”

Comprendre la bascule actuelle : de la dépendance au pétrole à la dépendance aux métaux

Avec nos modes de vie actuels, la dématérialisation est en fait … très matérielle ! Nous fabriquons et utilisons de plus en plus d’objets connectés et complexes, et avec des métaux en très petites quantités. Or, l’Europe reste fortement dépendante des importations en ressources minérales : les Terres rares proviennent à 99% de Chine par exemple, 78% du lithium est extrait au Chili, et c’est à 50% pour la plupart des autres minéraux. Les filières d’approvisionnement sont également complexes, difficiles à maitriser et extrêmement vulnérables à tous les maillons de la chaîne. Avant d’avoir une batterie au lithium opérante, le lithium en question a fait plus de 55 000 kms, et est passé dans 7 pays différents. Aux fragilités de la chaîne d’approvisionnement s’ajoutent également la compétition entre les différents secteurs industriels dans le besoin.

“ Dans les 25 prochaines années, nous consommerons plus de cuivre que depuis le début de l’humanité ! a rappelé Patrick D'Hugues ”

Comment passer d’une ressource naturelle à une réserve ?

Ainsi, Patrick D’Hugues souligne que le risque d’épuisement d’une ressource naturelle n’est finalement pas le premier des risques, d’autant que les progrès techniques permettent de stabiliser la découverte de nouveaux gisements, c’est bien la question du temps qui est primordiale. En effet, ouvrir une mine prend en moyenne 17 ans… les ressources naturelles s’y trouvant deviennent alors des réserves, car traitées économiquement. Or la complexité sociale et environnementale liée à de tels sites sont des facteurs à considérer : les réserves étant souvent situées dans des zones en stress hydrique, susceptibles de générer beaucoup de pollutions, gourmandes en énergie. 3 axes de progrès sont à développer ici : le gain d’énergie, l’optimisation des circuits d’eau et des procédés, la minimisation des déchets (dans une mine, seuls 1 à 2% sont réellement utiles/utilisés.)

Quelles solutions pour répondre à la crise des matières premières ?

En conclusion de son intervention, Patrick D’Hugues a listé plusieurs solutions pour répondre à cette crise des matières premières qui se dessine dans les prochaines années .

  • La sobriété dans nos besoins & comportements pour réduire la demande
  • Une veille prospective sur les chaînes de valeurs
  • Un développement accru du recyclage, de l’extraction à la fin de vie d’un objet
  • Une pense « Cycle de vie » et éco-conception pour optimiser le flux de matière
  • Un approvisionnement responsable basé sur la traçabilité des chaînes de valeur
  • Une bonne connaissance des gisements primaires et secondaires
  • Des procédés de plus en plus performants
  • Une diplomatie et relocalisation de certaines activités.

“ 2022 est la 2e année la plus sèche depuis 1959, l’eau n’est donc pas une ressource inépuisable, a rappelé Hakim Taleb. ”

L’eau, ressource naturelle en danger ? contexte et solutions

Sujet n’ayant échappé à personne, la crise de l’eau est considérée avec attention au MEDEF national qui a créé une « task force » suite à l’été 2022. La sécheresse de 2022 a rendu particulièrement concrètes les conséquences du changement climatique sur les ressources en eau : la quasi-totalité de la France était soumis à des arrêtés de restrictions des prélèvements d’eau, 2000 communes ont subi des ruptures ou des problèmes d’approvisionnement en eau potable (dégradation de la qualité des eaux notamment).

Plusieurs installations industrielles et nucléaires ont dû réduire leurs capacités de production.

La baisse de la ressource en eau est déjà constatée depuis une vingtaine d’années : -14% entre les périodes de 1990-2001 et 2002-2018, une baisse qui n’est pas près de s’arrêter. La baisse des ressources en eau se traduit également par une dégradation de la qualité des eaux (concentration des polluants et augmentation de la température). [SOURCE : MEDEF national].

Hakim Taleb, Chargé d'Interventions Spécialisé Industries – Direction des Politiques d’Intervention, Territoire des délégations Centre-Loire et Poitou -Limousin a ensuite pris la parole pour présenter les directions du 11è programme de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Les différentes aides accessibles aux entreprises sont résumées ici.

Stratégiques, les matières premières et ressources naturelles ! Les entreprises s’organisent et s’engagent.

Concernées à plus d’un titre, les entreprises représentées à l’occasion de cette table-ronde ont pu témoigner à la fois de leur réflexion : anticipation, réorganisation, innovation, mutualisation… autant d’axes de progrès pour les équipes pour préserver les ressources naturelles et être moins gourmand en matières premières. Car, comme l’a souligné d’entrée Hervé Gaboriau, directeur du Pôle Dream Eau & Milieu, les entreprises de la Région sont toutes concernées, avec une vraie dépendance aux ressources naturelles. Jean-Luc Lesage, dirigeant de IFB Refractories (site internet) a témoigné des bonnes pratiques mise en place dans l’entreprise dès sa création en 1919, époque où il n’y avait pas des transports et machines aussi développées qu’aujourd’hui. Du coup, les process ont été pensé en mode « économique » sur les déplacements, le stockage, l’utilisation de la ressource. Située à côté de sa propre carrière, l’entreprise a intégré dès le début une conscience aiguë des limites de sa matière première. Le chef d’entreprise a ainsi souligné la mise en place d’un stockage en plein air pour profiter naturellement de la pluie et de l’humidité de l’air pour une bonne hydrographie de l’argile, pour éviter de rajouter de l’eau au moment de la transformation de l’argile en brique. Faire du temps son allier : une autre voie explorée par l’entreprise qui s’appuie toujours sur un savoir-faire, celui de laisser la pâte d’argile reposer 48h pour obtenir un mélange homogène… et éviter l’utilisation de batteurs de haute technologie gourmands en énergie.

Christophe Weibel, directeur général de Trigano, a souligné le travail de diversification des approvisionnements pour faire en sorte que 60% de leurs besoins viennent d’Europe. Christian Bodin, directeur régional SETEC - Groupe Roger MARTIN, quant à lui, a insisté sur le travail de recyclage de la matière première (bitume) pour l’incorporer dans d’autres chantiers, soulignant plusieurs projets où ils ont pu arriver à + de 90% de matières recyclées pour la réalisation d’ouvrages de route.

Embarquer ses collaborateurs dans la réflexion globale de l’entreprise et favoriser des actions individuelles comme collectives est un facteur clé du succès d’une démarche écologique, ont souligné les chefs d’entreprise invités à la table-ronde. De l’impact sur le coût de production aux appels d’offre exigeants des matériaux alternatifs, des besoins d’innovation sur les aspects quantitatifs comme qualitatifs, des bonnes pratiques au quotidien aux indicateurs long terme sur la consommation de l’entreprise, tous les niveaux de décision et opérationnels sont mobilisés.

La table-ronde s’est conclu avec des bonnes pratiques :

  •  Réflexion pour une réorganisation complète des rotations de travail pour économiser du gaz en responsabilisant également les salariés pour Trigano (-38% de consommation en quelques mois) ;
  •  Un travail collectif avec l’ensemble des acteurs de la filière pour rationnaliser la production pour SETEC – Groupe Roger MARTIN ;
  • Projet d’efficacité énergétique et d’amélioration -encore et toujours- du process de cuisson pour IFB Refractories, qui a pu constaté une diminution de la consommation énergétique et ressources naturelles sur les 2 ans qui viennent de s’écouler : Gaz (-26%) Electricité (-11%) Eau (-31%) CO2 émis (-35%)
  • Souligner le potentiel d’innovation dans les entreprises avec des exemples inspirants et la nécessité de sortir de la logique « dans l’urgence » pour résoudre des problèmes de fond, a rappelé Hervé Gaboriau.

 

La soirée s’est conclue avec le rappel des différentes formes d’accompagnement et d’aides financières accessible aux entreprises, que ce soit via l’Agence de l’eau, l’ADEME ou encore le MEDEF Centre-Val de Loire.

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ADEME_MATIERES_PREMIERES_RECYLCLAGE_13_AVRIL_2023

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ACCOMPAGNEMENTS TEE RSE - MEDEF

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AGENCE_EAU_AIDES_ENTREPRISES

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